A View with a Voice.
A Voice with a View.
With his “Kef” series, Douraid Souissi has managed to make these majestic landscapes and scenes seem like portraiture. Though faces are nowhere to be found, the memories, the toil, the hopes and dreams, and even the disappointments are all visible, present like a childhood scar on your skin or the lines in the corner of one’s eyes, brought to life by a smile. These images bear witness to the change that nature and life provide, for no matter where we travel to or come from, our memories – sometimes sweet, other times sorrowful – are carried with us, a constant reminder of who we are and where we’ve been, as well as the possibilities yet to avail themselves.
Though these images are taken in El Kef, in the northwest of this complex, passionate and picturesque country, they transcend location. In many respects, as Tunisians raise their voices, searching for their place within the midst of uncertainty, these photographic moments, too, capture change. But change, like a favorite poem or jazz tune, or the pluck of a transitional instrument like the oud, as played by Anouar Brahem, is often subtle. Still, subtlety can pierce the surface of existence, exposing that we all seek, long for, something deeper and more meaningful, to feel and express, to live fully rather than merely being, even while walking through the regularity our day-to-day.
Yes, we may have read or listened to something a hundred times. Still, each sentence, phrase or note can present something new, capturing our attention and imagination, surprisingly inviting new ways in which to listen and see, just when needed. We can either look at that as something missed or something found. Souissi’s “Kef” series reinforces the beauty found in both views and has succinctly given them voice.
Brian Keith Jackson
May 2014.
Une Vue avec une Voix.
Une Voix avec une Vue.
Avec sa série ‘Kef’, Douraïd Souissi a réussi à faire de ces paysages majestueux des portraits. Bien que les visages soient totalement absents, les souvenirs, le labeur, les espoirs et les rêves, et même les déceptions sont tous visibles, présents comme une cicatrice d’enfance ou les lignes au coin des yeux ramenées à la vie par un sourire. Ces images témoignent du changement que la nature et la vie effectuent, puisqu’il importe peu où nous voyageons ou d’où nous venons, nos souvenirs – parfois doux, d’autres fois tristes – nous les portons avec nous, un rappel constant de ce que nous sommes et de là où on a été, mais également des possibilités qui n’ont pas encore été saisies.
Bien que ces images aient été prises au Kef, au nord-ouest de ce pays complexe, passionné et pittoresque, elles transcendent l’endroit. A de nombreux égards, à l’instant même où les Tunisiens élèvent leurs voix, cherchant leur place au cœur de l’incertitude, ces moments photographiques, aussi, captent le changement. Mais le changement, comme un poème favori, un air de Jazz, ou le pincement d’un instrument transitionnel comme le oud, joué par Anouar Brahem, est souvent subtil. La subtilité peut, tout de même, percer la surface de l’existence, exposant notre quête et notre désir de quelque chose de plus profond, de plus sensé, de ressentir et d’exprimer, de vivre pleinement plutôt que de se contenter d’être, même au moment où nous traversons la constance de notre quotidien.
Oui, on a peut-être lu un passage ou écouté un morceau cent fois. Chaque phrase, chaque note peut, tout de même, présenter quelque chose de nouveau, captant notre attention et notre imagination, invitant, étonnement, de nouvelles manières d’écouter et de voir, juste quand nous en avons besoin. Nous pouvons voir cela comme quelque chose de manqué ou quelque chose de trouvé. La série ‘Kef’ de Souissi renforce la beauté trouvée dans chacune de ces deux points de vue et leur a succinctement donné voix.
Brian Keith Jackson
Mai 2014
————
Une grande beauté…muette. Sur ces images composées avec soin, aux points de vue mûrement choisis, l’artiste conjugue toutes les valeurs de gris, toutes les textures de roche, de terre, de parois, de végétation…des cumulus à n’en plus finir; une mine, une gare désaffectées, un quartier « résidentiel » au loin entre ciel et champs. De rares éléments humains sont là, par hasard (?), silhouettes lointaines permettant d’installer l’échelle et d’apprécier la grandeur du paysage. Au cours de ses déplacements, le photographe se dit aspiré par les grands espaces vides [...].
Mais quel que soit « le sujet », l’art ne se limite pas à l’anecdotique et si on dépasse nos plis perceptifs, formatés par la surcharge événementielle et sémantique, on voit que cette série, Kef est un hymne au silence qui a happé le photographe dans ces contrées. Silence qu’impose une nature majestueuse, atemporelle; grands espaces, grandes étendues, grand…dénuement dans lequel se trouve cette région, qui n’a d’autre existence dans le présent national que sur la carte [...].
Cet ensemble de photographies est le fruit d’une expérience spatiale individuelle, émanant d’une construction mentale préalable, conduite en solitaire, qui témoigne d’un savoir technique élaboré, doublé d’une grande sensibilité. Usant des habitudes perceptives liées au genre documentaire, qui jouit d’un fort crédit de vraisemblance, Douraïd Souissi commet une série de paysages « artialisés », minimalistes, où il arrive à se faire oublier donnant à voir l’artifice comme allant de soi. Lorsque la retenue et la sobriété de l’artiste coïncident avec la grandeur et le dépouillement d’un sujet, à savoir le lieu objet de la médiation, nous sommes véritablement face à une œuvre.
Aïcha Filali
Avril 2014.
A Voice with a View.
With his “Kef” series, Douraid Souissi has managed to make these majestic landscapes and scenes seem like portraiture. Though faces are nowhere to be found, the memories, the toil, the hopes and dreams, and even the disappointments are all visible, present like a childhood scar on your skin or the lines in the corner of one’s eyes, brought to life by a smile. These images bear witness to the change that nature and life provide, for no matter where we travel to or come from, our memories – sometimes sweet, other times sorrowful – are carried with us, a constant reminder of who we are and where we’ve been, as well as the possibilities yet to avail themselves.
Though these images are taken in El Kef, in the northwest of this complex, passionate and picturesque country, they transcend location. In many respects, as Tunisians raise their voices, searching for their place within the midst of uncertainty, these photographic moments, too, capture change. But change, like a favorite poem or jazz tune, or the pluck of a transitional instrument like the oud, as played by Anouar Brahem, is often subtle. Still, subtlety can pierce the surface of existence, exposing that we all seek, long for, something deeper and more meaningful, to feel and express, to live fully rather than merely being, even while walking through the regularity our day-to-day.
Yes, we may have read or listened to something a hundred times. Still, each sentence, phrase or note can present something new, capturing our attention and imagination, surprisingly inviting new ways in which to listen and see, just when needed. We can either look at that as something missed or something found. Souissi’s “Kef” series reinforces the beauty found in both views and has succinctly given them voice.
Brian Keith Jackson
May 2014.
Une Vue avec une Voix.
Une Voix avec une Vue.
Avec sa série ‘Kef’, Douraïd Souissi a réussi à faire de ces paysages majestueux des portraits. Bien que les visages soient totalement absents, les souvenirs, le labeur, les espoirs et les rêves, et même les déceptions sont tous visibles, présents comme une cicatrice d’enfance ou les lignes au coin des yeux ramenées à la vie par un sourire. Ces images témoignent du changement que la nature et la vie effectuent, puisqu’il importe peu où nous voyageons ou d’où nous venons, nos souvenirs – parfois doux, d’autres fois tristes – nous les portons avec nous, un rappel constant de ce que nous sommes et de là où on a été, mais également des possibilités qui n’ont pas encore été saisies.
Bien que ces images aient été prises au Kef, au nord-ouest de ce pays complexe, passionné et pittoresque, elles transcendent l’endroit. A de nombreux égards, à l’instant même où les Tunisiens élèvent leurs voix, cherchant leur place au cœur de l’incertitude, ces moments photographiques, aussi, captent le changement. Mais le changement, comme un poème favori, un air de Jazz, ou le pincement d’un instrument transitionnel comme le oud, joué par Anouar Brahem, est souvent subtil. La subtilité peut, tout de même, percer la surface de l’existence, exposant notre quête et notre désir de quelque chose de plus profond, de plus sensé, de ressentir et d’exprimer, de vivre pleinement plutôt que de se contenter d’être, même au moment où nous traversons la constance de notre quotidien.
Oui, on a peut-être lu un passage ou écouté un morceau cent fois. Chaque phrase, chaque note peut, tout de même, présenter quelque chose de nouveau, captant notre attention et notre imagination, invitant, étonnement, de nouvelles manières d’écouter et de voir, juste quand nous en avons besoin. Nous pouvons voir cela comme quelque chose de manqué ou quelque chose de trouvé. La série ‘Kef’ de Souissi renforce la beauté trouvée dans chacune de ces deux points de vue et leur a succinctement donné voix.
Brian Keith Jackson
Mai 2014
————
Une grande beauté…muette. Sur ces images composées avec soin, aux points de vue mûrement choisis, l’artiste conjugue toutes les valeurs de gris, toutes les textures de roche, de terre, de parois, de végétation…des cumulus à n’en plus finir; une mine, une gare désaffectées, un quartier « résidentiel » au loin entre ciel et champs. De rares éléments humains sont là, par hasard (?), silhouettes lointaines permettant d’installer l’échelle et d’apprécier la grandeur du paysage. Au cours de ses déplacements, le photographe se dit aspiré par les grands espaces vides [...].
Mais quel que soit « le sujet », l’art ne se limite pas à l’anecdotique et si on dépasse nos plis perceptifs, formatés par la surcharge événementielle et sémantique, on voit que cette série, Kef est un hymne au silence qui a happé le photographe dans ces contrées. Silence qu’impose une nature majestueuse, atemporelle; grands espaces, grandes étendues, grand…dénuement dans lequel se trouve cette région, qui n’a d’autre existence dans le présent national que sur la carte [...].
Cet ensemble de photographies est le fruit d’une expérience spatiale individuelle, émanant d’une construction mentale préalable, conduite en solitaire, qui témoigne d’un savoir technique élaboré, doublé d’une grande sensibilité. Usant des habitudes perceptives liées au genre documentaire, qui jouit d’un fort crédit de vraisemblance, Douraïd Souissi commet une série de paysages « artialisés », minimalistes, où il arrive à se faire oublier donnant à voir l’artifice comme allant de soi. Lorsque la retenue et la sobriété de l’artiste coïncident avec la grandeur et le dépouillement d’un sujet, à savoir le lieu objet de la médiation, nous sommes véritablement face à une œuvre.
Aïcha Filali
Avril 2014.